Ecoutez le témoignage de Chrystelle Fatoux sur France Bleu Hérault.
Chrystelle est coordonnatrice au service Action sociale de Géranto Sud de Béziers et accompagne les personnes en difficulté financière.
Chaque jour, France Bleu Hérault vous donne vraiment la parole. Et on commence avec le témoignage du jour. Bonjour Virginie Vivest. Bonjour Léopoldine, bonjour tout le monde. Et votre invité accompagne les personnes en difficulté financière, il s’agit de Chrystelle Fatoux. Absolument et je vais tout vous dire, puisque on dit tout en général Léopoldine, depuis le début de l’année, tous les matins on reçoit une Héraultaise, un Héraultais, qui nous parle de quelque chose, d’un sujet que j’ai choisi, ou d’un sujet que la personne même a choisi.
Et comme vous receviez quelqu’un qui parlait du budget, des petites astuces, des choses qu’on peut mettre en place, je me suis dit tiens, comme moi j’en ai quelques-uns dans ma famille, à commencer par celle que je vois dans le miroir tous les matins, qui a du mal à mettre des choses en place, des choses comme ça où on est toujours trop serré, je me suis dit je vais aller chercher des assos qui aident ces gens, qui rencontrent des gens et qui les aident. Et donc j’ai appelé les associations. Une, deux, trois, j’ai appelé des gens et j’ai trouvé personne. Pour témoigner. Personne pour raconter qu’il y a des gros problèmes de sous, qu’on s’en sort pas, qu’on sait pas quoi mettre en place. Et vraiment, j’ai vraiment cherché longtemps.
Et Chrystelle Fatoux, qui est coordinatrice au service Action Sociale PCB, Crézus, Géranto Sud de Béziers, elle reçoit des gens qui sont en difficulté de gestion, d’endettement, de surendettement, et je lui ai dit ben voilà, est-ce que vous pouvez au moins venir nous expliquer pourquoi je trouve personne pour en parler ?
Bonjour Chrystelle.
Bonjour à tous. Bonjour. Effectivement, c’est un sujet qui est tabou parler l’argent. Ce n’est pas quelque chose de commun dans notre société. Les personnes ont une pudeur, voire une honte, et elles s’enferment dans les difficultés plutôt que d’aller chercher un soutien.
Mais ça va très très loin parce que vous me disiez Chrystelle avoir reçu, il y a très peu de temps, un homme, père de famille, qui vient, qui raconte ces problèmes d’argent. Donc on commence à être dans de la grosse difficulté et qui dit mais ma femme n’est pas au courant.
Effectivement, il y a aussi cette découverte qui peut avoir eu lieu pendant l’entretien, ou alors comme vous le disiez, cette personne avait souscrit des crédits au nom de Michel et Madame, il était marié donc responsable l’un et l’autre de la dette, et Madame n’était pas au courant. Donc quand on a voulu les accompagner sur le dépôt du dossier de surendettement, il fallait que Madame découvre l’ampleur des dégâts.
Vous me parliez d’une expression, j’ai trouvé ça très intéressant. Vous me disiez cette fameuse expression qu’on a tous et qui en fait nous donne comme des obligations sociales de réussite de gérer un bon père de famille. Ce truc là en fait qui fait que quand tu gères pas, égal, je ne suis pas un bon père de famille et là va te sortir du truc quoi.
C’est ça, ça reflète un sentiment d’échec pour la personne. C’est une atteinte de sa dignité, nous ne pas avoir réussi à être justement le bon père de famille qui doit arriver à payer les charges fixes et pouvoir servir sa famille dignement.
Oui, il y a une autre chose parce qu’au bout d’un moment j’ai cherché, je l’ai continué à me dire je vais trouver quelqu’un qui a eu des problèmes et qui n’en a plus du coup qui a mis en place des choses. Mais là encore, Nib, comme disait Georges Courtolyne. Même quand ça va mieux. C’est ça, c’est comme si on avait peur que le truc revienne en fait.
Oui, il y a cette peur aussi mais il y a aussi cette peur que l’entourage découvre qu’on a eu une difficulté. Même si c’est réglé, il y a des tabous, il y a une chape de plomb et personne n’est au courant. Les gens, même dans la famille proche qui pourrait peut-être aider, on ne va pas les solliciter parce que ça veut dire aussi relater sa vie et mettre en exergue cette difficulté et pourquoi on est tombé dans une spirale de l’endettement voire du surendettement. Il y a des gens qui vont souscrire des crédits pour pouvoir payer les échéances des autres crédits.
D’ailleurs vous me disiez Chrystelle que le moment en général où l’iceberg émerge, c’est le fameux incident paiement. Je vais retirer du pognon ou je suis dans une grande surface et là ça ne passe pas. Et là en général c’est le début de la rétrospection.
Exactement, c’est l’engrenage. Du coup une mensualité qui ne passe pas, ça fait des frais en plus. Votre banque vous avez atteint votre découvert autorisé donc là aussi il y a des frais et à partir de là, la spirale est enclenché et il est difficile d’y faire face. Donc il faut que les auditeurs retiennent, c’est qu’il n’y a pas de honte, ça arrive à tout le monde. Donc moi au niveau de tout ce qu’on peut recevoir, ça touche tout public.
Ce qui est essentiel c’est que la nature c’est souvent un accident de vie. Un divorce, séparation, un décès, une perte d’emploi et aussi un passage à la retraite qui n’a pas été anticipé avec une baisse des ressources. Le public, c’est vraiment tout public.
Est-ce que ça touche de plus en plus de monde Chrystelle ces dernières années ?
Oui, alors ça touche de plus en plus de monde. Alors le dossier de surendettement en tant que tel, c’est pas non plus quelque chose qui est exponentiel, le dépôt. Par contre, ce qui est super important, c’est de venir le plus tôt possible auprès des associations comme nous, les points conseils budget labellisés par l’État pour essayer de faire une photo à l’instant T et de trouver des solutions à l’amiable avant d’arriver au dossier de surendettement.
Mais après il faut aussi se dire que le dépôt du dossier de surendettement, il faut le voir comme une bouffée d’oxygène. Donc, il y a un travail de désacralisation entre les limites de ce dossier de surendettement avec les tenants et les aboutissants. Donc effectivement, il y aura une privation, on ne pourra pas faire de crédit pendant 7 ans. On aura plus non plus les outils bancaires à disposition, c’est votre banque qui va décider.
Mais il y aura une capacité de remboursement qui sera déterminée en fonction de vos ressources et de la composition familiale. Donc vous allez pouvoir faire face à vos dettes tout en essayant de vivre dignement.
Bien sûr. Évidemment la première chose pour faire face et pour avoir action c’est de reconnaître qu’on en a et de le mettre en place l’aide. Je vous remercie beaucoup d’être passée pour nous expliquer et rappeler à tous les gens qui nous écoutent qu’effectivement, on en a tous des problèmes d’argent et qu’il faut parler, il faut dire et puis je pense que toujours s’imaginer, j’ai l’impression que si quelqu’un nous parle mais moi j’ai des gros problèmes de sous, qu’on l’accueille pas avec honte mais avec le fait du coup moi aussi je peux lui dire que j’ai des problèmes de sous.
Donc il y a cette chose là où quand on partage tout ce quelque chose ou on peut au contraire verbaliser un maximum pour s’aider les uns les autres.
Exactement et après aussi de dire aussi que l’État prend conscience donc il y a vraiment des choses qui sont mises en place. Donc, exactement des points conseil budget, il y en a 7 dans l’Hérault, c’est un accueil inconditionnel et gratuit. Et il y a aussi l’éducation financière qui commence à pousser les portes de l’école. Donc au niveau des enfants, il y aura quand même une culture et un terreau qui vont permettre aussi d’enlever les tabous, louer à l’argent et à notre société.
Éducation financière, voilà une prochaine matière à enseigner à nos élèves effectivement. Chrystelle Fatoux je vous remercie beaucoup.